Le Salem

Le FRED SCAMARONI (ainsi baptisé en mémoire d'un résistant Corse torturé en 1943 par la police Italienne) était un navire d'une capacité d'accueil de 1250 personnes et de 140 voitures. Long de 115 mètres et large de 18, propulsé par 4 moteurs Pielstick, il pouvait atteindre une vitesse de 19,5 Noeuds.

Mis a l'eau en novembre 1964 à la Seyne sur Mer, il fait sa première traversée le 17 Mai 1966 entre MARSEILLE et AJACCIO. En 1980 il est revendu au DANEMARK. En 1988 L'EGYPTE le rachète, pour la desserte de JEDDAH et SAFAGA au départ de SUEZ et le rebaptise SALEM EXPRESS.

C'est par une magnifique journée du mois de novembre et avec une mer d'huile que nous partons de SAFAGA pour une heure de navigation, en direction du récif SHA'AB HAMDALLAH. C'est là que se trouve le SALEM EXPRESS. Quatre requins pointes blanches nous accueillent à notre arrivée.

IMANE, une des rares femme monitrice Egyptienne, DIVE MASTER et diplômée de Littérature Archéologique Greco-Romaine, nous appelle pour le briefing. Elle nous raconte le naufrage:

Dans la nuit du 15 décembre 1991, le SALEM, qui rentre d'un pèlerinage de la Mècque, heurte le récif SHA'AB HAMDALLAH. La porte avant s'ouvrant sous la violence du choc, il sombre en quelques minutes, entraînant la mort de 450 parmi les 650 passagers (ce sont les chiffres officiels). Reposant maintenant par 32m de fond, le bateau est positionné dans l'axe nord-sud et couché sur son flan tribord.

Les consignes sont claires : interdiction de pénétrer dans l'épave - Pour des raisons de sécurité; - Par respect pour l'événement dramatique qui s'est produit; - Ne rien remonter.

C'est la première fois que je descends sur une épave aussi récente. Avec Raphaël, mon équipier, nous plongeons, direction l'ancre du bateau qui se trouve toujours à sa place. Nous longeons le flan babord, des colonies de coraux durs commencent déjà à se développer et un grand nombre de syngnathes se promènent. Malgré l'envie que nous avons de nettoyer les lettres du SALEM, nous ne le ferons pas, car cela détruirait l'humus qui favorise le développement du corail.

Nous ne nous attarderons pas sur l'avant. Arrivés à la hauteur de l'ancre, nous plongeons directement vers le sable. Pendant notre descente, un barracuda solitaire énorme nous montre le chemin avant de disparaître dans le bleu. Quelques effets personnels, poste de radio, valises, linge, sont encore visibles. L'atmosphère qui règne autour de l'épave ne nous laisse pas indifférents. Je me dirige vers les canots de sauvetage qui sont encore intacts. Beaucoup de tôles ondulées reposent sur le fond, celles-ci servaient à protéger du soleil pendant la journée.

Nous partons en direction des coursives. Là, je dois admettre que même avec une eau à 27° un frisson nous parcours. Quelques jouets et linges pour enfant sont toujours présents, témoins du drame que même la mer ne veut pas effacer. Nos coups de palmes se font plus forts pour nous arracher de cet endroit trop émouvant. Derniers clichés à l'arrière, avant la remontée, sur deux énormes hélices. On m'avait prévenu de garder quelques images pour la fin de ma plongée.

Au palier, notre regard se tourne vers le fond. Sans avoir besoin d'imagination, nous avons l'impression que le naufrage vient de se produire, l'épave encore entière et en parfait état est à peine habitée par cette nouvelle vie qui commence à se développer sur elle. De retour sur le bateau les discussions vont bon train. On AIME ou on AIME pas le SALEM. Cette épave où plus d'un millier de pèlerins pris au piège durant cette nuit tragique mérite le respect. C'est un sanctuaire ou reposent encore quelques centaines de victimes. Nous comprenons, à présent, les consignes de notre monitrice.

Je garderai un souvenir très fort de cette plongée.

Cette plongée est à faire quand la météo est clémente car l'endroit est très peu abrité.

Points GPS :

26°39' 042N, 34°03' 824E




Retour