![]() C'est au Frontosa Club, une association de cichlidophiles qu'il préside, que je rencontrais François pour la première fois. Situé dans un dépôt de la RTM, à deux pas de chez moi (autant dire la porte à côté) le Frontosa m'était resté inconnu durant 15 ans, jusqu'à ce qu'un site américain sur Internet m'en signale l'existence! Le gaillard, doté d'une remarquable moustache (qui lui valut son surnom «Chanabou») me dit cumuler les qualités d'aquariophile, de plongeur et de photographe sous-marin. Nous disons vaguement que ce serait bien de faire quelque chose ensemble. Puis nous repartons vers nos destins respectifs. L'été venu, installé dans mes quartiers quelque part du coté de Riou avec mes amis les mérous, je croise souvent «moustaches de phoque» venu glaner des images. Il a même l'audace de me cueillir un matin, au sortir de l'eau, pour me demander de laisser la place aux compétiteurs du Championnat de photographie sous-marine. Là, chez moi! |
Un soir de Novembre, au Frontosa, il m'annonce qu'il part pour Safaga et ajoute, avec une totale désinvolture: «Tu viens?» Moi qu'il connaissait à peine! J'ai réfléchi un quart de seconde et, sans même mesurer l'impact de cette décision aventureuse sur mon emploi du temps, j'ai répondu: «Banco.» François, c'est ça: le désir de partager. A peine un mois plus tard, il déposait chez moi une partie de son trésor: 300 diapos dans un classeur, qui devaient constituer l'amorce de son site web. Des années de travail, de patience au fond de la mer. Des originaux précieux que j'aurais pu perdre, ou voler, ou simplement abîmer par maladresse. C'était ses yeux, sa passion, son rêve qu'il remettait entre mes mains. François, c'est ça aussi: donner sans compter. Pareille générosité ne peut qu'appeller la même réponse. Je décidai de lui donner sans compter mon temps, ma disponibilité et ma technique pour réaliser notre projet. J'utilisais un subterfuge idiot pour lui cacher que je venais d'acheter un scanner tout spécialement pour traiter ses images avec le soin qu'elles méritaient. Pardon François! François est aujourd'hui mon équipier sous l'eau, un collaborateur à de nombreux projets liés à la plongée, et un merveilleux ami. Un jour de spleen, j'ai écrit : « l'écran n'a pas les frémissements de la surface, ni les flèches de lumière qui dansent sous le soleil. Il n'est habité ni par les nuages argentés qui frémissent au moindre son, ni par les fragiles êtres irisés qui dérivent vers un ailleurs inconnu. Ce n'est qu'une dalle vitreuse où s'agitent des fantômes et s'échouent des rêves morts.» François me les a rendus. |